V

Ils s’étaient immobilisés, un instant interdits, devant la porte à travers laquelle venait de fuser l’étrange invitation. Pourtant, ils se ressaisirent vite et Bill demanda, à mi-voix :

— On y va, commandant ?

Morane hocha la tête et répondit sur le même ton :

— En voilà une question !… Comme si, dans ces cas-là, on n’y allait pas toujours ?… Et puis, cela nous mènera peut-être au professeur…

Ballantine fit mine de frissonner.

— S’il n’y avait pas le professeur, fit-il, je filerais sans demander mon reste. Cette maison commence à me donner froid dans le dos.

— Ne te fais pas plus poltron que tu ne l’es, Bill. Je te connais mieux que quiconque, depuis le temps, et il te faudrait tout autre chose pour te flanquer la pétoche… Continuons : nous verrons bien où cela nous mènera…

Morane avait ouvert la porte, et ils se trouvèrent sur le seuil d’une pièce en fort mauvais état, comme tout le reste de la bicoque, et aussi vide qu’une salle de pyramide, avec la momie en moins.

— Personne, commenta Ballantine. Pourtant, quelqu’un parlait bien dans cette chambre, du moins il m’a semblé. Si jamais je passe par Rouen, je risque fort de périr sur le bûcher…

En ce moment, la même voix que tout à l’heure se fit entendre.

— Avancez de ce côté, honorables visiteurs…

Cela venait de derrière l’angle d’une nouvelle porte, située, à l’autre extrémité de la pièce et ouverte sur un grand pan de nuit bleue marquée seulement par un croissant de lune argentée du plus romantique effet.

— Avancez de ce côté, honorables visiteurs, répéta la voix.

En rasant les murs afin d’éviter les trous qui béaient dans le plancher, Bob et Bill gagnèrent la seconde porte et débouchèrent sur une étroite corniche de planches, sans garde-fou, qui surplombait une cour noire comme le fond d’un puits. Bien entendu, personne à l’horizon.

— Ou c’est un fantôme qui parle, dit Bill, ou c’est nous qui sommes bons pour le cabanon.

— Les fantômes ne s’expriment qu’en faisant tourner les tables, dit Morane. Quant au cabanon, nous sommes aussi sains d’esprit l’un que l’autre…

— Ce qui ne veut pas dire grand-chose, goguenarda Ballantine.

Mais, à nouveau, la voix se faisait entendre.

— À présent, prenez à gauche le long de la corniche.

Les deux amis n’hésitèrent pas et progressèrent de quelques pas dans la direction qui leur était indiquée. La corniche était si étroite qu’il leur fallait avancer de côté, comme des crabes et, à tout moment, ils avaient l’impression que les planches allaient céder sous leur double poids.

— Encore un peu de persévérance, honorables visiteurs, et vous serez bientôt au bout de vos peines, reprit la voix.

Elle sortait d’une pièce dont la porte s’ouvrait sur la gauche, passé l’angle de la corniche. Une pauvre lumière en sourdait.

— Cette fois, nous y sommes, souffla Ballantine. Qui dit lumière dit présence humaine. Les rats n’en ont pas besoin pour voir…

En quelques pas, ils atteignirent la porte et la franchirent, pour pénétrer dans une chambre assez vaste, encombrée de vases ébréchés et de vieilles caisses couvertes de caractères chinois. Tout le fond était masqué par un rideau de toile épaisse, sale s’il fallait en juger par les taches qui la marbraient. C’était de derrière ce rideau, soigneusement tiré, que venait la lumière. Dans cette lumière, une forme humaine bougea, puis le rideau frémit, s’écarta légèrement et une main apparut. Elle tenait une enveloppe qu’elle laissa tomber sur le sol. En même temps, la même voix que précédemment disait :

— Commandant Morane, voici une lettre qui vous est adressée et qui vous convaincra que votre ami, le professeur Clairembart, est bien en mon pouvoir.

Déjà, Bob, s’était baissé et avait récupéré l’enveloppe. Son nom y était inscrit.

— C’est l’écriture du professeur, jeta Morane à l’adresse de Bill.

D’un doigt impatient, il déchira l’enveloppe pour en tirer et déplier le papier qu’elle contenait. Il le dirigea vers la lumière et lut à mi-voix :

 

Bob,

 

Les forbans entre les mains desquels je suis tombé, me forcent à vous écrire, sans doute pour se livrer à quelque odieux chantage. Ne vous laissez pas faire.

 

Aristide Clairembart.

 

— Aucune erreur, constata Bill, qui avait lu par-dessus l’épaule de son ami, c’est bien l’écriture du professeur… Ce diable de Clairembart, toujours aussi coriace !… Je m’étonne même qu’on lui ait laissé écrire cela…

— Le texte de la lettre n’a aucune importance, Bill. Ce qui compte, c’est qu’elle ait bien été écrite par le professeur lui-même. Ceux qui l’ont forcé à écrire n’ignorent pas que nous ferons n’importe quoi pour que notre ami ait la vie sauve.

— Reste, à savoir ce que signifie « n’importe quoi » ! gronda l’Écossais en serrant les poings.

— Peut-être ne tarderons-nous pas à le savoir. Il nous suffira d’interroger le porteur de ce message…

Résolument, Morane s’avança vers le rideau et l’écarta. Derrière, il n’y avait qu’une vieille table bancale sur laquelle était posée une lampe à pétrole allumée. Pour le reste, personne.

— Décidément, c’est le jeu du chat et de la souris, murmura Bob. Il y avait pourtant bien une ombre derrière ce rideau. Donc, nous n’avons pas rêvé.

— La main qui tenait la lettre était bien réelle elle aussi, ajouta Bill.

— Et cette lettre, je la tiens toujours, compléta Morane. Donc, nous n’avons pas été davantage les jouets de nos imaginations. Il y avait quelqu’un ici, et ce quelqu’un s’est taillé.

— Il n’a pu que partir par-là.

Ballantine désignait une fenêtre ouverte sur la nuit. Ils en enjambèrent l’appui et prirent pied sur les toits dont la perspective s’étendait devant eux, fantomatique et chaotique jeu de construction. La lune brillait comme si elle venait d’être astiquée et on y voyait presque comme en plein jour. Les toits, dont la plupart possédaient des angles recourbés en cornes, à la mode chinoise, s’étageaient devant eux dans un désordre total, un peu comme s’ils avaient poussé à la façon de champignons vénéneux. Quant au porteur du message, on ne l’apercevait nulle part.

 

***

 

Durant de longues secondes, Bob Morane et Bill Ballantine étaient demeurés, immobiles et indécis, face à l’étendue chaotique des toits à la fois noyés de nuit et éclaboussés de lune. Rien ne bougeait. C’était le silence total, pareil à de la poix tant il était épais. En outre, comme l’époque de la mousson approchait, il régnait une chaleur lourde, qui oppressait.

— Je crois que nous voilà au bout de la piste, fit Ballantine. On nous a menés en bateau.

— Pourquoi l’aurait-on fait ? dit Bob. Pour nous remettre la lettre du professeur ? Il y avait un moyen plus simple de nous la faire parvenir, sans nous amener jusqu’ici… Je crois qu’il vaut mieux attendre la suite des événements. Si tu veux mon avis, Bill, tout va bientôt s’enchaîner.

L’Écossais avait avisé de vieux fils téléphoniques pendant le long de la muraille, encore fixés à leurs isolateurs de faïence. Il les arracha en même temps que l’un des isolateurs, qu’il fit tournoyer de façon menaçante, en disant :

— Voilà qui me fera une bonne arme au cas où notre champion de cache-cache me tomberait sous la main.

— Est-ce de moi que vous voulez parler ? demanda quelqu’un.

Toujours la même voix, ouatée, à la fois insinuante et menaçante. Mais, cette fois, Morane et Ballantine pouvaient apercevoir celui à qui elle appartenait. Il venait d’apparaître à cinq ou six mètres d’eux, de derrière l’arête d’un toit. La lumière crue de la lune l’éclairait en plein et on pouvait le détailler à l’aise. Il s’agissait d’un homme d’assez forte corpulence, à la tête tassée entre des épaules épaisses et lourdes. Quant à son visage, on ne pouvait en distinguer les traits, car une cagoule de tissu rouge le recouvrait, avec seulement deux fentes à la place des yeux.

— Tiens, un domino ! s’exclama Bill. Fallait nous dire qu’on allait à un bal masqué. On aurait amené nos déguisements. Si vous saviez comme je suis croquignolet en petit rat de l’Opéra et le commandant en bébé joufflu.

— On n’est pas ici pour rigoler, Bill, lança Morane d’une voix sèche.

— C’est vrai, reconnut l’Écossais.

Il s’interrompit, avança d’un pas et reprit sur un ton menaçant, en s’adressant à l’homme à la cagoule :

— Vous allez nous dire ce que vous avez fait du professeur, sinon je vous réduis en marmelade !

Tout en parlant, le colosse faisait balancer son isolateur de faïence de façon tout à fait significative.

— À votre place, je demeurerais tranquille, bouillant étranger, fit quelqu’un derrière eux.

Lentement, Morane et son compagnon se retournèrent, pour apercevoir, dans l’encadrement de la fenêtre, les silhouettes de deux hommes – deux Chinois – dont l’un braquait un automatique. Il s’agissait des deux passagers de la Rover bleue, mais Bob et Bill ne pouvaient le savoir.

— Bref, en un mot comme en cent, nous voilà pris au piège, fit Ballantine avec insouciance, tout en laissant choir son arme improvisée. Comme vous l’avez dit, commandant, tout s’enchaîne…

Morane, lui, s’était retourné vers l’homme à la cagoule rouge, et il interrogea, à voix très haute :

— Que signifie tout ceci ?

— Tout simplement que j’ai besoin de vous et de votre ami – surtout de vous – commandant Morane !… fut la réponse. Alors, j’ai imaginé de faire enlever le professeur Clairembart, pour vous obliger à passer par mes conditions.

— Où se trouve le professeur ?

— Pour le savoir, il vous suffira de suivre mes deux collaborateurs. Mais rassurez-vous, il est en bonne santé.

— Nous l’espérons pour vous, coupa Ballantine d’une voix lourde de menace.

— Pourriez-vous me dire, demanda encore Bob, pourquoi nous ne pouvons pas savoir immédiatement ce que vous voulez de nous ? Ne croyez-vous pas avoir assez joué aux devinettes ?

— Je préfère ne pas courir de risques avec vous, commandant Morane, répondit l’homme à la cagoule d’une voix sarcastique. Je vous dévoilerais mes plans, et puis vous me joueriez un petit tour à votre façon. Non, avant de vous faire de plus complètes confidences, je préfère que vous soyez mieux en mon pouvoir… Suivez Tchen et Soung… Ce sont des guides de confiance…

Comme par enchantement, l’homme à la cagoule disparut derrière le rebord de son toit, et on ne le revit plus.

— Et voilà, fit Morane, comme les petites marionnettes. Trois petits tours et puis s’en va…

— Qu’est-ce qu’on fait ? interrogea Bill en Français. On flanque en l’air les deux guignols, derrière nous ?

— N’oublie pas que l’un d’eux nous braque un automatique dans les reins, Bill.

— Un automatique ?… Comme si ça nous avait jamais fait vraiment peur !…

— Je sais… Je sais… Mais réfléchis un peu, Bill. Si nous nous débarrassons de nos deux charmants compagnons, comment ferons-nous pour parvenir jusqu’au professeur ?

L’Écossais eut un geste d’impuissance, pour dire :

— Évidemment, commandant, vous avez raison. Comme toujours… ou presque…

Un des deux Chinois, celui qui tenait l’automatique, intervenait d’ailleurs, pour glapir :

— Taisez-vous, ou parlez anglais.

— Ça va, ça va, fit Ballantine dans cette langue. Nous on n’est pas contrariants.

— Vous allez descendre devant nous, dit encore le Chinois, à l’automatique, et n’oubliez pas qu’au moindre geste suspect vous serez abattus.

Ils furent contraints de suivre le chemin qu’ils avaient parcouru en venant, pour finalement reprendre pied dans la rue du Lotus d’Argent, où attendait la Rover bleue.

— Tu conduiras, Soung, dit l’homme à l’automatique. Je m’occuperai de surveiller ces messieurs.

Tandis que les prisonniers s’installaient à l’arrière, Soung et Tchen prenaient place à l’avant, le dernier continuant à braquer son arme.

La Rover démarra. Soung conduisait vite, sans trop se soucier des accrochages toujours possibles, mais comme il montrait assez de maîtrise, rien de semblable n’arriva.

Bob Morane et Bill Ballantine connaissaient assez la métropole malaise pour se rendre compte que l’on se dirigeait vers le port, et plus particulièrement vers le port de pêche où étaient amarrées les jonques chalutières. Ils ne se trompaient pas car, bientôt, la Rover s’arrêta au bord d’un quai désert, auquel était amarré un puissant canot automobile.

— Descendez, messieurs, fit Tchen à l’adresse des captifs. La première partie du voyage est terminée.

Les deux amis furent obligés de descendre les quelques marches de pierre au bas desquelles le canot était amarré. Un troisième Chinois tenait la barre. Soung demeura sur le quai, mais Tchen, lui, son automatique toujours braqué, suivait les captifs.

— Ah çà ! allez-vous enfin nous dire où vous nous conduisez ? fit Bill Ballantine avant de passer sur l’embarcation.

— Le moment n’est pas aux explications, jeta Tchen. Contentez-vous d’obéir… Embarquez…

— Ne nous cassons pas la tête, mon vieux Bill, dit Morane avec insouciance. Tu sais bien que, curieux comme nous sommes, on finit toujours par connaître le dénouement de l’histoire…

Ils prirent place dans le canot qui démarra, se coulant entre les jonques, pour foncer ensuite vers le large.

— Peut-être qu’à présent vous daignerez nous dire où vous nous conduisez ? fit Morane à l’adresse de Tchen.

Il devait presque crier pour dominer le puissant ronflement du moteur.

L’interpellé se mit à rire. Il avait de longues dents qui le faisaient ressembler à un lapin.

— Puisque votre ami et vous avez été dociles jusqu’à présent, dit-il, je vais vous renseigner, honorables prisonniers… Vous allez faire une petite croisière de plaisance, tout simplement.

Bob tenta bien d’obtenir des explications complémentaires, mais en vain cette fois, et Bill dut intervenir à son tour auprès de son compagnon.

— Laissez tomber, commandant. Ce gars-là n’en dira pas plus que ce qu’il veut, et on ne lui en arracherait pas davantage, même avec un tire-bouchon.

Une grande jonque noire était ancrée dans la nuit. Le canot ralentit en s’en approchant et alla finalement se ranger contre le flanc de l’énigmatique vaisseau. Tchen désigna l’échelle de coupée aux prisonniers et commanda :

— Montez !… Et, surtout, prenez garde à ne pas faire un faux pas. L’eau est infestée de requins par ici et je ne voudrais pas vous perdre. Vous êtes trop précieux pour cela.

Ni Bob ni Bill ne perdirent de temps à se demander pourquoi ils étaient précieux à ce point. Ils obéirent et gagnèrent le pont de la jonque. Là, le Français se risqua encore à demander :

— Quand allons-nous voir le professeur Clairembart ?

— Vous posez trop de questions, commandant Morane, fut la réponse. Mais rassurez-vous. Avant longtemps vous verrez votre ami.

C’était mieux que rien comme renseignement. On força les captifs à descendre à l’intérieur du vaisseau et on les enferma dans une cabine dont l’unique sabord avait été soigneusement fixé à l’aide de vis, de façon à ce qu’il fût impossible de rien voir au-dehors.

Nos deux héros s’étaient assis sur le plancher, le dos à la cloison et, quand la porte eut été refermée, ils se trouvèrent plongés dans les ténèbres les plus totales.

Ballantine crut bon d’attendre quelques minutes avant de demander :

— Où croyez-vous qu’on nous emmène, commandant ?

— Si je le savais, je te le dirais, fut la réponse maussade du Français. Mais nous ne sommes pas ici pour jouer aux devinettes. On a mieux à faire…

Il fit fonctionner sa lampe-stylo, qu’on lui avait laissée, et il repéra un tas de nattes empilées dans un coin.

— On a mieux à faire, répéta-t-il. On va piquer un petit roupillon. Ces nattes feront l’affaire…

Ils étaient étendus depuis quelques minutes à peine quand, sous eux, le plancher fut secoué par une puissante trépidation.

— Des diesels, fit Ballantine, et ils m’ont l’air drôlement maousses pour une barcasse qui paraît aussi vieille que l’Arche de Noé…

Mais Morane ne répondit pas. Comme Napoléon, il possédait la faculté de s’endormir quand il le voulait, même sur une planche à clous de fakir s’il n’avait rien d’autre à sa disposition.

 

L'Oiseau de Feu
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